Présentation

L’Involontaire est une compagnie de danse qui s’appuye sur la danse forum, le buto, l’improvisation, mais aussi le clown et le théâtre. Nous travaillons des créations, des performances, des temps de partage et d’ateliers, des recherches qui mêlent théories et pratiques.
A partir de l’involontaire du corps -ce qui surgit en deça de la volonté-, nous cherchons les danses qui peuvent advenir, nous aimons les formes ténues, la fragilité d’un travail en cours et explorer différentes modalités pour les donner à voir.
On décrit ici les quatre piliers de notre travail:

* L’involontaire et la danse

« L’involontaire est au corps ce que l’inconscient est à l’esprit » écrit Andréine Bel dans Le Corps accordé. Nous partons de là, de lui, l’involontaire. Que nous ouvre t-il, et comment s’appuyer dessus ?

Nous apprenons d’abord à lui laisser la place, un travail de patience et d’attention, un travail d’accueil aussi. Son territoire est immense et presque vierge, il nous faut des outils, des façons pour l’approcher. Pour commencer : sans but, sans technique, sans connaissance ; c’est le chemin du seitai et du yukido.

Que peut le corps sans volonté ? Et d’ailleurs que veut dire « sans volonté » ? Que veut dire : laisser faire le corps, suivre le corps, être spontané ? Quelle volonté émerge du corps quand nous laissons la place à l’involontaire ? Nous attrapons ces questions en essayant d’être précis, de dessiner des chemins, de trouver des repères. Nous sommes en recherche, en mouvement.

Quand nous disons « le corps », nous prenons tout : il n’existe pas de corps pur sans esprit, débarrassé du mental. Nous ne cherchons pas à « lâcher le mental pour faire parler le corps ». Nous sommes toujours tout, entiers, nous n’avons pas d’autre choix que de tout emporter pour danser, pour jouer, pour ouvrir. Nous prenons l’organique, les sensations, les émotions, l’imaginaire. Nos danses se diffractent dans le mouvement du corps, mais aussi dans celui de la voix, de la parole, ou encore de l’écrit.

* Tisser des aller-retours nourriciers entre théorie et pratique

Travailler ensemble la pratique du mouvement, de l’attention, du jeu, de l’improvisation et une pensée de ces pratiques. Nous sommes autant nourri..es de littérature, de poésie, de philosophie, de politique, que de pratiques de danses et d’improvisation. Nous aimons la précision dans la pensée, la joie de comprendre de mille façons, et d’en discuter avec d’autres. Nous avons à cœur d’inscrire notre travail dans le champ de la recherche et de dialoguer avec d’autres chercheur..es-pratiquant..es car pratique et théorie se nourrissent l’une l’autre. A cet égard nous reprenons les mots de Michel Briand pour affirmer une de nos intentions : « Il faudrait pouvoir allier une pratique qui saurait s’observer, se réfléchir, et une théorie qui serait aussi une pragmatique »1

* Fabriquer des processus de recherche collectifs

Nous sommes nourri ..es par les pratiques collectives, par la micropolitique des groupes, par les questions d’horizontalité et de féminisme. Nous voulons ouvrir des processus dans lesquels nous pensons-dansons ensemble, et dans lesquels nous pensons aussi comment les savoirs circulent. Comment mettre en œuvre de l’horizontalité, du consentement mutuel sans s’enfermer dans un formalisme froid, voire rigide? Entre cadre sécurisant et possibilité du foisonnement, nous cherchons à trouver des équilibres (précaires) dans les espaces que nous proposons.

Parce qu’il nous semble crucial de ne pas présupposer à l’avance du « produit » qui pourrait émerger quand nous démarrons une recherche, nous prenons soin de penser avant tout le processus de travail plutôt que l’objet qui en émanera.

* Susciter des rencontres

Le quatrième pilier est celui du partage avec d’autres. Que montrer, dans quels cadres ? Comment susciter des rencontres qui laissent de la place à celles et ceux qu’on invite ? Quelles modalités permettent de soutenir le fait qu’il se passe quelque chose qui importe pour celles et ceux qu’on invite ? Comment assumer de proposer ce que l’on propose tout en laissant de la place pour que les personnes avec qui l’on partage un moment, une forme, quelle qu’elle soit, ait la place pour la recevoir? Pour qu’une « rencontre », au sens de Rancière, puisse avoir lieu entre une forme, un propos, une danse et un regard, une écoute, un témoin, un..e spectateur..ice.

Les modalités de cette rencontre ne sont pas pensées a priori, elle seront singulières pour chacun de nos travaux.

Ce sont des biens grands mots
et nous sommes tout petits : nous tâtonnons.
En deux mots on dirait que la vie nous importe ; et les vivant..es.

Trois axes de travail nous permettent de concrétiser notre travail:

Transmettre et partager nos pratiques

Nous aimons partager la danse avec d’autres personnes qu’elles soient danseuses ou non, et mettre la danse au service de questions et de recherches qu’un groupe voudrait travailler.

Nous aimons animer des espaces collectifs avec soin, dans lequel peuvent se déployer des formes d’improvisation dansée qui importent, qu’elles soient collectives ou individuelles.

Performer / Créer / Partager des processus avec des publics

Outre cette dynamique de partage de nos pratiques, nous œuvrons à chercher et créer des formes ou des processus partageable à un public. Cela peut être des performances, des spectacles, mais aussi des processus de recherche pluridisciplinaires autour d’une thématique, ou encore des recherches constituées d’aller-retour entre théorie et pratiques.

Recherches / labos autour de l’improvisation

Le troisième axe de travail est celui de la recherche et des laboratoires. En lien ou pas avec l’université, nous souhaitons contribuer au champ de la recherche en danse, et créer des processus de recherches autour des formes de l’improvisation, du butô, en les croisant à des questions politiques et philosophiques, comme la politique des vivants, la démocratie, l’horizontalité, le partage des savoirs et des pouvoirs, la place des désirs, de l’accordage et du consentement, …. et tant d’autres.

Qui sommes-nous?

Mickaël et Pascale ont pratiqué ensemble la danse forum avec Une troupe de danse forum depuis 2016. Après des années de recherches et d’expérimentations autour de la danse forum avec cette troupe, des stages, formations et travaux en butô, clown, recherche universitaire, éducation populaire politique, féminismes, déconstruction-reconstruction, journalisme, anarchisme, devenir mère, etc (la vie quoi), iels décident de créer la cie L’Involontaire pour donner une forme à leurs travaux.